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Un remaniement, et après ?


La semaine dernière, le nouveau gouvernement a été dévoilé, mettant fin à plusieurs jours de spéculation. Alors que nous ne sommes qu’à un an du second mandat d’Emmanuel Macron, et que la France politique semble en léthargie avec une double cohabitation non assumée, à la fois au sein du couple exécutif et avec le pouvoir législatif, ce remaniement semble incapable de pouvoir redonner le souffle nécessaire à notre pays. Pire, il soulève des interrogations quant à son efficacité faute d’être en capacité de mettre en place rapidement une feuille de route concrète, la veille des vacances parlementaires et gouvernementales.


Notre pays est actuellement marqué par une tendance prononcée à droite, en quête d’ordre et d’autorité. Ces deux valeurs doivent se traduire aussi dans le travail gouvernemental en agissant vite, avec rigueur et responsabilité. A contrario, cet épisode de remaniement estival a laissé un goût amer, révélateur de l’instabilité et de l'incertitude qui touche notre pays.


Alors que l’émergence d’une majorité relative à l'Assemblée nationale a déplacé le centre de gravité politique, il est temps de revenir aux fondamentaux de la Vème République en redonnant au pouvoir exécutif le rôle qui est le sien. Par exemple en plaçant le décret au cœur de l'action politique et en réformant par ordonnance. Il faut aussi assumer vouloir réduire l’inflation législative plutôt que d’en faire un argument pour se rassurer en croyant que plus il y a de textes, plus le parlement travaille, plus la France avance.

De plus, dans un monde où les entreprises privilégient des équipes réduites en mode projet pour plus d'efficacité, nous nous retrouvons une nouvelle fois avec un gouvernement comptant plus de 40 personnes. Nous aurions pu espérer une équipe très resserrée avec des domaines de compétence clairement définis. Si le gouvernement est composé de nombreux talents, y compris dans les nouveaux ministres, les nouveaux entrants sont majoritairement des parlementaires. Pour réussir, nous devrions plutôt opter pour une équipe composée de Maires et d’élus locaux qui conserveraient leur mandat local. Cette proximité avec le terrain garantirait une gouvernance ancrée dans la réalité du quotidien des Français.


Car il faut entendre notre pays. Il mérite que l’on sorte de l’immobilisme actuel qui semble contaminer toute la société. La France ne produit plus, ni économiquement, ni industriellement, ni intellectuellement. L’aquoibonisme rend exemplaire le partisan du moindre effort. Et la sortie de cet état végétatif qui nous gangrène ne pourra que se faire si nous redonnons un vrai tempo politique. Avec des décisions claires et précises. Pour des effets immédiats et palpables.

En présentant des contre- textes plutôt que d’amender ceux qui étaient présenté, ces 100 jours ont également démontré que les principales forces politiques de notre pays ne sont pas prêtes au consensus et au compromis, contrairement à ce qui se fait dans d’autres pays.


Nous n’avons donc plus le choix : il faut réinventer nos mécanismes de gouvernement faute d’arriver à en modifier la méthode. Pour mettre fin à l’illisibilité de ce mandat, l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale à mi-mandat doit être clairement imaginée.

Sur le plan constitutionnel, nous pourrions aussi envisager de séparer le calendrier législatif et présidentiel, à l'image des midterms américains, pour conserver en permanence une dynamique au sein de l'exécutif. Ou redéfinir une durée spécifique à chaque mandat pour que chaque institution ait sa temporalité propre. Nous pourrions aussi réfléchir sérieusement à la suppression de la limitation à deux mandats présidentiels. Sinon, tout second quinquennat prendra le même chemin que le second quinquennat de Jacques Chirac.


Le monde avance. Sortons de nos carcans poussiéreux d’un autre temps qui nous paralysent et qui empêchent de façonner un gouvernement plus agile et adapté aux défis du présent. La France le mérite. Surtout, notre avenir en dépend.



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