Le courage de partir pour rester fidèle
- Philippe Buerch

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Il est des moments dans la vie d’un homme où il n’est plus possible de se renier ni d’oublier ses convictions.
Où le silence deviendrait une lâcheté, et la fidélité, non plus une posture, mais une épreuve de vérité.
Surtout dans le climat actuel où la France n’a jamais été autant fragmentée et en recherche de sens.
Ce silence, je refuse de me l’appliquer plus longtemps.
J’ai pris la décision de quitter le mouvement Horizons.
Non par colère, ni par calcul, mais parce qu’il est des lignes que l’on ne franchit pas quand on croit encore à l’esprit de nos institutions et à la stabilité de notre pays.
Il ne s’agit pas’d’une attitude partisane mais d’une cohérence républicaine.
L’appel à la démission du Président de la République par Édouard PHILIPPE a marqué un point de rupture : non pas entre deux stratégies, mais entre deux conceptions de la loyauté.
Je suis attaché à la stabilité de nos institutions et à la continuité de l’État. Dans l’intérêt de nos entreprises et de notre Nation.
On peut être lucide sans être cynique. On peut être libre sans être infidèle.
Mais si nous voulons une démocratie moderne, sur le modèle des grandes nations européennes, alors nous devons être des artisans du compromis, pas des prêcheurs de division, surtout quand on aspire à la plus haute fonction.
Je pense d’ailleurs que c’est parce que je suis fidèle aux valeurs qu’incarne Horizons qu’il m’est impossible aujourd’hui d’y rester.
Horizons est né d’une idée noble : celle d’une droite moderne, républicaine, humaniste, attachée à la stabilité du pays.
C’est précisément parce que je crois à cette idée que je refuse de cautionner tout ce qui fragilise nos fondements républicains.
Je refuse de cautionner la suspension de la réforme des retraites.
Je refuse de cautionner toute stratégie d’isolement qui consiste à avancer sans organisation militante ni lien réel avec la société civile.
Car le véritable enjeu aujourd’hui est celui de la cohérence et de l’action.
Une pensée politique ne peut être forte que si elle est active. La conviction n’a de valeur que si elle se traduit en actes. Et avant tout, par le débat interne, cet inconfort nécessaire qui permet de confronter les idées, de faire émerger du sens et de bâtir un projet pour la France.
Et cela, je ne le retrouve pas. Je ne suis plus en cohérence avec ce que sont mes convictions et ce que le mot loyauté représente pour moi.
Je n’y vois plus que des silences ou des interrogations.
Je suis et je reste un homme de droite. Mais une droite de conviction, sur les axes régaliens : justice, defense, securité, santé, avec un fort engagement humaniste, social et réformateur, le tout autour d’un engagement européen puissant et politique.
Notre pays a besoin d’une politique économique ambitieuse et juste : abaisser progressivement l’impôt sur les sociétés, réformer intelligemment l’IFI et l’ISF, non pour punir la réussite mais pour orienter le capital vers la production, introduire une part de capitalisation dans les retraites pour préparer les générations futures.
Il faut aussi remettre de la justice dans la prospérité.
Les classes moyennes, pilier de notre République, s’érodent chaque jour un peu plus, prises en étau.
Notre devoir est de les remettre au cœur du pacte national, en rendant la fiscalité plus lisible, plus équitable et plus cohérente. C’est l’enjeu essentiel du consentement à l’impôt qui fait tant défaut dans notre pays.
Mais pour cela, il faut agir, travailler, réfléchir, échanger, confronter les idées, consulter.
Tout ce qu’on ne retrouve pas dans le brouhaha actuel fait de chaînes d’infos et de réseaux sociaux, où chaque parole se vaut. C’est pour cela que l’idée initiale d’Horizons était belle, et surtout nécessaire pour la France.
Depuis plusieurs années, mes activités m’amènent à rencontrer de nombreux Français de l’étranger, notamment aux Émirats arabes unis. Leur regard est souvent lucide : la France fascine encore, mais elle inquiète. Elle brille, mais elle doute. De Dubai à Singapour, de Montréal à Madrid, ces Français expriment la même attente : celle d’une France stable, crédible, et tournée vers l’avenir.
Quitter Horizons, ce n’est pas rompre : c’est rester fidèle. A mes convictions, à la France que j’aime. J’ai choisi de prendre du recul, non pour me taire, mais pour mieux agir. En homme libre.
Cette décision est mûrement réfléchie et elle est légitime.
Aujourd’hui, il m’est impossible de ne pas la prendre : car ne pas agir, c’est cautionner.
Et j’appelle comme de nombreux français à un sursaut collectif, pour que le prochain Président de la République soit prêt à guider le pays, non à attendre qu’on le supplie de le faire.
Je souhaite pour la France un président qui l’aime et veut tout lui donner.
Dans ce cadre, les talents, à droite de l’échiquier, ne manquent pas.
Je rejoins ainsi le camp de la majorité des Français qui sont libres par défaut.
Oui, comme beaucoup, j’aimerais que la situation soit plus simple. Mais être libre, ce n’est pas ne pas agir, bien au contraire. C’est avant tout anticiper l’avenir et apporter une pièce, fut-elle modeste, à un renouveau républicain et rattaché à nos valeurs existentielles.
Aucune ambition politique ne peut se réaliser seul.
En rejoignant cette majorité de Français, je veux modestement mettre ma voix à leur service: celle de la France qui travaille, qui ose, qui doute parfois, mais qui continue d’espérer. Celle qui ne se reconnaît plus tout à fait dans une seule personne pour la représenter.
Ce n’est pas un départ fait d’erreurs ou d’amertume.
C’est un départ fait d’espérance et d’ambition.
Mon engagement se poursuit, avec davantage de détermination et de
convictions : pour être plus ouvert sur le monde, plus libre et plus responsable.
En gardant toujours un pied dans le réel.
Cette exigence de clarté n’est pas un renoncement : c’est, au contraire, un nouveau départ.
Philippe BUERCH


