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Politique française : arrêtons les effets d'annonce

Au début du mois d'août, nous apprenions que le Président de la République avait partagé avec des journalistes son intention de lancer une initiative politique d'envergure à la fin du mois, destinée aux partis politiques de l'arc républicain.

J'ai maintes fois défendu ici l'importance du compromis. J'ai fréquemment écrit sur le manque de cette culture du consensus en France, contrairement à de nombreuses démocraties, et je n'ai cessé de déplorer l'aspect violent qui caractérise si profondément notre Nation.


Cependant, je ne peux me satisfaire de cette nouvelle annonce. Tout simplement parce qu'il y en a eu tellement d'autres. Après le grand débat, le conseil national de la refondation, la création du ministère du renouveau démocratique... Je redoute que derrière cette annonce il n'y ait finalement que peu de réalisations concrètes. En examinant les derniers mois, quels sont les résultats tangibles du grand débat ? Quelles conclusions peut-on tirer du conseil national de la refondation ? Quelles idées novatrices a présenté le haut commissariat au plan ? Quel bilan peut-on dresser du ministère du renouveau démocratique ?


N'est-ce pas in fine la répétition de ces annonces improvisées d'année en année qui entrave la fluidité de la #politique ? Voilà le cœur du problème : notre propension excessive à la communication et à la réaction permanente, et notre difficulté a envisager le long terme.


Car lorsque les annonces sensationnelles ou émotionnelles deviennent la norme, elles perturbent la cohérence et la continuité dans la mise en œuvre des politiques publiques.

Elles ne respectent pas le tempo politique, le rythme et la cadence de l’action publique, qui ont une importance capitale pour garantir une gouvernance stable et efficace. Les annonces à l'excès, génèrent de l'instabilité en favorisant des mesures rapides souvent désorganisées, sans prise en compte des répercussions à long terme. De plus, cette succession d'annonces peut entraver la mise en œuvre des politiques publiques en cours. Leur multiplication peut détourner l'attention des questions structurelles qui requièrent une approche plus approfondie et stratégique. Tout ceci dans un contexte socio-économique complexe et dans un climat de fortes tensions au sein de la société française.

L'obsession pour les annonces rapides ne semble alors être qu’un masque dissimulant les enjeux plus profonds nécessitant une réflexion globale.


Le Président de la République jouit pourtant d'un avantage certain : il dispose d'un quinquennat entier pour initier des #réformes. Il a au contraire tout le temps nécessaire pour faire avancer des changements et peut agir sans se soucier de sa réélection. Il doit mettre à profit cette période en l’utilisant pleinement.


Notre pays subit les conséquences de plusieurs décennies de politiques désorganisées dans de nombreux domaines. Il est impératif de reconstruire l'essence même du modèle français, celui qui ose croire en son potentiel dans le monde. Chaque instant perdu en faveur d'initiatives à court terme représente une énergie non exploitée pour aborder les véritables enjeux.


Pour y parvenir, il faut cependant renouer avec le modèle politique qui a conféré sa puissance et sa légitimité à notre régime. Cela nécessite deux préalables : le retour au septennat, pour dédier un temps spécifique à l'action présidentielle, et la réintroduction du cumul des mandats pour les parlementaires, sujet que j'aborderai dans l’une de mes prochaines tribunes.


Ainsi, nous pourrons enfin arrêter de lancer de vains débats sur notre vie politique et de vouloir réformer notre Constitution à chaque fois que quelque chose ne va pas. Et nous pourrons consacrer toute notre énergie dans la véritable réforme de fond : celle de notre modèle économique et social. Il s'agit là de la seule initiative politique véritablement cohérente pour renouer avec l'esprit Français.

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